La "merguez", comment la reconnaître et l'éviter ?

 

Non cher lecteur, ton blog auto tout beau tout neuf ne s’est pas transformé en guide culinaire pour barbecues du dimanche.

Erreur.

Nous parlons bien ici de la merguez automobile, ce rebut de véhicule d’occasion, ayant peut être pour point commun avec ladite saucisse la quantité d’huile qui s’échappe de sa culasse avec la chaleur.  En revanche, la merguez à quatre roues n’est pas disponible au rayon charcuterie des grandes surfaces, mais bien chez ce vendeur de bord de nationale en face de vous, qui marchande à prix d’or sa Golf plus kilométrée qu’Apollo 11.

Comment préparer une belle merguez ?

Ouais bon, en fait il y a quand même une recette de cuisine derrière tout ça. On n’obtient pas une bonne merguez sans de bons ingrédients.

Il nous faut donc une auto de quelques années déjà, ayant connu plusieurs propriétaires.  La qualité des propriétaires est fondamentale : il faut qu’au moins l’un d’entre eux ait consacré un effort particulier à ne pas consacrer d’efforts du tout dans sa voiture.

Un entretien négligé au possible est un fondamental ; moins il y a de travail fait dessus, plus la merguez sera juteuse. Un vrai plus est de ne pas entretenir un modèle pas fiable, le résultat est succulent.

Généralement, le savoir faire se transmet au propriétaire suivant, qui a consacré une attention bienveillante à d’autres détails bien plus importants durant son achat.

Et justement, ces détails ont leur importance. Plutôt qu’une nouvelle courroie de distribution, il faut dans l’idéal retrouver sur la voiture l’équivalent de la somme nécessaire à cette opération dans des équipements plus stupides les uns que les autres.  Citons les écrans DVD de seconde monte, les jantes cheap surdimensionnées, les accessoires de carrosserie approximatifs.

Le merguezomètre a fondu.

L’éviter : une histoire de bon sens

Le choix d'une voiture d’occasion se conditionne toujours à plusieurs facteurs, dont le prix,  les équipements, les opérations de maintenance réalisées dessus.  Comme vous l’aurez compris, on dépiste la merguez principalement grâce à ce dernier point. Un prix trop bas par rapport au marché permet aussi d’éveiller les soupçons.

L’absence totale de facture, ou bien l’âge avancé des derniers papiers en possessions du propriétaire mettent facilement la puce à l’oreille. Laissez le propriétaire actuel vous conduire dans son véhicule ; en plus de son style de conduite, les éventuels bruits suspects et la non-réaction du mec sont sujets à interprétation. Sachez qu’une merguez peut dissimuler un certain nombre de défauts parfois invisibles, aussi lorsque vous conduirez, les réponses hasardeuses du propriétaire sur telle ou telle anomalie constatée sont un très mauvais présage. Non, il n’est pas normal de tenir le volant à 45 degrés pour aller tout droit. Vous ne pourrez garantir que d’autres mauvaises surprises vous attendent, si le gars n’est pas franc du collier à propos des problèmes qui sautent aux yeux (on vous l’a dit, beaucoup d’ingrédients dans une merguez).

La provenance douteuse du véhicule est déjà plus vicieuse, les seuls indices sont souvent l’usure des sièges et pédales ainsi que le flou artistique autour des documents officiels.

Attention, sur des modèles récents et chers, un entretien réalisé sur un coin de trottoir n’est pas bon signe du tout. Si le propriétaire n’a pas eu les moyens de la déposer au garage, il revend peut être pour un problème que sa clé de 12 n’a pas su résoudre.

Autre indice ; la pose de logo de type « //M » sur une BMW diesel ou « AMG » sur l’équivalent Mercedes, ou pire l’inverse ; montre un profond irrespect du conducteur pour son prochain et pour sa voiture. Egalement, ne faites pas confiance à un mec qui veut vendre sa bavaroise pourvue de sigles « V6 » piqués sur une Xantia. Il n’a manifestement jamais ouvert son capot.

Enfin, on vous le répète, méfiez vous du vendeur. S’il baisse le prix un peu trop facilement, ou insiste sur la fiabilité avec des phrases toutes faites du type : « c’est allemand donc c’est fiable » ou l’alternative nippone « c’est Honda donc c’est fiable », redoublez d'attention.

Et s’il vous dit « c’est du costaud, j’ai jamais rien eu à faire dessus », fuyez à toutes jambes.

Evitez absolument les vendeurs d’occasion de bord de nationale, les merguez y sont présentes par barquettes de 12. Les vendeurs ne connaissent pas les autos qu’ils vendent, vous allez galérer pour leur tirer les vers du nez.

Les modèles à risques

Chez Le pompiste, on n’aime pas les généralités, et c’est pour cela qu’on pourrait conclure ce paragraphe sur « toutes les autos sont susceptibles, à force d’y mettre du sien, de devenir de belles merguez ».  Mais faire des généralités c’est quand même rigolo, alors partons pour une enquête approfondie au sein des sites de petites annonces et sur le terrain.

BMW 325 TDS

Merguez qualité boucherie. L’image de qualité et fiabilité allemande traversant les âges, et le pouvoir de l’écusson BMW sur les esprits faibles et désargentés -votre serviteur sait de quoi il parle - ont vite fait de les transformer en poubelles pas entretenues.

Golf 3 GT TDi

Pour les mêmes raisons que la précédente, investir dans une VW/Audi diesel de plus de 10 ans est en général une très mauvaise idée. Mention spéciale aux modèles gasoil sportifs, gangrénés à 99,99% sur le marché de l’occasion.

Honda Civic EK4, EJ8, ED9 ...

Modèles plébiscités par les "ricers", le marché abonde de modèles bidouillés avec des pièces performances commandées sur ebay, rabaissés à outrance et paradoxalement peu entretenus : la légendaire fiabilité Honda n’existe plus que dans l’imagination du propriétaire. On trouve encore de beaux modèles, mais à quel prix…

Peugeot 406 Coupé

Ce beau coupé n’a pas échappé à la merguezification, grâce à un prix d’achat plancher ces dernières années. Attention à ne pas fondre systématiquement devant sa plastique, les blocs globalement fiables du coupé ont déjà beaucoup supporté. A noter que les éléments de carrosserie sont extrêmement chers à remplacer.

Peugeot 106 XSi

Un très bon exemple parmi les sympathiques GTi des années 80/90 qui sont passées entre beaucoup -trop- de mains. Elles n’auront pas résistés aux multiples tentatives de personnalisation et d’optimisation moteur foireuses. Sans compter la conduite rallye permanente que beaucoup ont subies, usant les consommables à vitesse grand V. Essayez d’en trouver une propre, vous verrez, c’est coton.

Mercedes S W220

La merguezification n’épargne pas les modèles les plus hauts de gamme et les plus chers, loin de là. En effet leur décote stupéfiante aura vite fait redescendre l’ascenseur social des propriétaires successifs jusqu’au rez de chaussée ; où investir 3 (voire 4) zéros dans la révision n’est pas envisageable. En plus, la fiabilité atroce de cette Mercedes impose justement de rendre visite souvent à son garagiste. Beau cocktail.

… Mais au final, toutes les autos sont susceptibles, à force d’y mettre du sien, de devenir de belles merguez. Soyez vigilants.

Bonne route !